
«J’ai tout fait ce que je pouvais comme médecin intensiviste.» C’est ainsi que s’est exprimé le Dr Daniel Lafleur, urgentologue à l’hôpital Ste-Croix de Drummondville.
C’est lui qui s’est chargé de la victime de 35 ans dans la nuit du 29 juillet 2011.
Devant cette femme inconsciente, il a questionné Gabrielle Fréchette et Gérald Fontaine, qui étaient sur les lieux. Il se demandait si la personne s'était cogné la tête, etc. "Tout ce que j'avais, c'était des réponses évasives (…)", a communiqué celui qui cherchait à comprendre. Il était perplexe de voir des femmes nues, dont le corps paraissait sale.
Mme Fréchette lui a indiqué que des exercices de respirations rapides et profondes ainsi que des bains de terre avaient eu lieu dans le cadre d'une thérapie. "Le monsieur (Gérald Fontaine) ne s'est jamais adressé à moi", a-t-il spécifié.
«C’était un choc de grade 4, un niveau très grave et sérieux. Mon premier diagnostic était un coup de chaleur provoqué par une importante déshydratation», a relaté le médecin.
«J’estime qu’il lui manquait environ une douzaine de litres de liquide. Quand j’ai tenté de lui donner des solutés par intraveineuse, ses veines étaient sèches, vides et atrophiées. J’ai essayé de manière intraosseuse parce que les os contiennent des vaisseaux sanguins, mais ça n’a pas fonctionné.»
Selon le docteur Lafleur, Chantal Lavigne a fait une CIVD (coagulation intravasculaire disséminée). Il y a des caillots de sang qui se sont formés partout dans son corps, même au cerveau: «En dernier recours, j’ai demandé de la transférer au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, mais ses principaux organes vitaux ne fonctionnaient déjà plus», a renchéri le témoin.
Une Intoxication ?
Sur les lieux, une deuxième victime, Julie Théberge, était en train de vomir.
Mme Théberge a été prise en charge par l'équipe de paramédics de Drummondville, composée de Nicolas Prévost Drouin, Jean-Philippe Guay et d'un stagiaire.
Son état de conscience était altéré. "Elle ne répondait pas bien aux questions de base", souligne M. Drouin. Son pouls était régulier, mais un peu rapide. Sa condition respiratoire était correcte. Sa pression, plutôt basse, permettait de qualifier son état d'instable.
"Je pensais qu'il s'agissait d'une intoxication volontaire ou involontaire", rapporte M. Drouin. Les membres de cette équipe tentaient également de saisir ce qui se passait. Gabrielle Fréchette leur a assuré qu'aucune personne n'avait consommé de drogue ou d'alcool. De nouveau, elle a fait valoir qu'une thérapie sous forme de ressourcement, avait eu lieu, avec des enveloppements de terre pour canaliser l'énergie. M. Fontaine validait les explications.
Une troisième victime
Ginette Duclos aurait porté à l'attention des paramédics qu'une autre femme éprouvait des malaises. Il s'agissait d'une grande femme mince, âgée dans la mi-trentaine, aux cheveux noirs.
"La dame nue vomissait dans le lavabo", enchaîne le paramédic, précisant qu'elle disait se sentir bien. Elle refusait les soins offerts et a même signé une déclaration à cet effet.
Lorsque les paramédics ont quitté la fermette, ils ont demandé à la Sûreté du Québec de se rendre sur place, qualifiant l'endroit de "douteux".
Mmes Lavigne et Théberge ont toutes deux été transportées à l'hôpital Sainte-Croix, où l'équipe de l'urgence les attendait. Elles ont immédiatement été prises en charge.
Le diagnostique
Les victimes avaient le même diagnostic, à un degré variable : coup de chaleur, déshydratation et état de choc secondaire.
Le dernier cas survient lorsque les cellules ne reçoivent pas assez d'oxygène, ce qui est attribuable à une circulation sanguine déficiente.
Mme Lavigne avait atteint le niveau 4, qui correspond au degré le plus grave de choc cellulaire.
Les deux femmes ont dû être hydratées par intraveineux. L'état de santé de Julie Théberge s'est amélioré de telle sorte qu'elle a pu quitter le centre hospitalier, au matin. Son amie a eu moins de chance.
Le problème, dans son cas, était aggravé par le fait que ses veines s'étaient rétrécies. Elles étaient pratiquement vides. "Les infirmières n'ont pas été capables d'installer le soluté. (…) J'ai dû installer une voie à travers un os", a expliqué le Dr Daniel Lafleur, urgentologue à l'hôpital Sainte-Croix. Il s'agit d'une mesure vraiment exceptionnelle.
Extrait de tvasherbrooke.com et du Journal L'Express