Bonjour tristesse !

Notre fille, en transit entre 2 logements, est revenue habiter quelques semaines chez nous. J'appréhendais ce retour dans ce contexte de contentieux et de méfiance mutuelle.

Cela faisait quelques mois que nous espérions qu'elle nous parle enfin et qu'elle cesse de nous inventer une vie. Nous ne sommes pas médiums, mais nous avons une capacité de déduction et de synthèse suffisante pour comprendre bien plus qu'elle ne le pense.

Nous avions compris assez tôt qu'elle n'était plus avec son ami Roudy. Elle avait sûrement ses raisons pour ne pas nous en parler : désaveux des prédictions de G. Fréchette , peine amoureuse, honte de reconnaître ses torts …. Peu importe.

Mais nous avons toujours dit que quoiqu'il arrive nous serions là.

Dans l'ensemble tout s'est plutôt bien passé. Elle a vite repris ces bonnes et mauvaises habitudes.

Nous avons évité les sujets qui fâchent. Cela reste très frustrant pour moi d'autant que je pense qu'il y a une forme de stratégie qu'elle a mis place depuis quelques temps pour éviter d'aborder les problèmes de fonds. J’appellerais cette stratégie : « l'arbre qui cache la forêt ».

J'ai pu constater que ses angoisses et peurs diverses étaient toujours présentes. Je suis triste pour elle, qu'elle en souffre encore.

Et je suis en colère. Les formations de développement personnel, les séances de pseudo-psychanalyse avec la mère de Roudy, le Reiki, les transes n'ont eu aucun effet sur ses angoisses. Pourtant notre fille a toujours affirmé que tout cela l'aidait. Mais on a pu constater que ça n'a servi à rien sauf à l’appauvrir et la rendre dépendante du groupe.

Nous n'avons vu aucun progrès, bien au contraire. Quand elle est partie de la maison, il y a 3 ans, elle gérait bien ses angoisses depuis quelques années. Nous avions oublié combien cela avait pu la pénaliser dans sa vie de petite fille et la faire souffrir. J'ai donc été très peiné de la voir en souffrance et de ne pouvoir l'aider et de ne pas pouvoir l'empêcher de continuer à se faire escroquer et détruire.

Ainsi, lors de son départ, je n'ai pas su comprendre ce que je ressentais. De la tristesse, de la peine, sûrement, mais avec un arrière goût amer. Cela m'a fait penser aux parents de G.I. qui laissent leur enfant partir en mission militaire à l'étranger. Ils sont tristes de le laisser partir et ne peuvent aller contre sa volonté et son choix de vie. Ils sont aussi inquiets car l'enfant peut ne jamais revenir. Même s'ils sont patriotes, ils préféreraient avoir leur enfant près d'eux. Mais ils se consolent en se disant qu'il part lutter pour une bonne cause, même si faire la guerre n'est sûrement pas la meilleure des cause.

J'ai donc eu ce même sentiment que les parents du soldat qui part au combat. Ma fille part pour une nouvelle expérience avec un nouvel ami, lui aussi dans le mouvement. Mais qu'elle est la mission de ma fille à part fuir ses propres peurs ? Aurait-on des raisons d'en être fier ? Est-ce son choix ?